Bande annonce de l'expo
Plongez dans l'univers des sorcières de l'exposition !
Du samedi 07 juin au dimanche 16 novembre 2025
L’exposition d’été en partenariat avec le musée d’Orsay met à l’honneur la figure de la sorcière au XIXe siècle. Au cœur de notre imaginaire collectif, les sorcières ont longtemps incarné l’allégorie de la vieillesse, de la mort, du vice et du mal. Elles sont associées au surnaturel, à la nature, à ce qui fait peur et que l’on ne maîtrise pas. Mais 1862 marque une rupture avec la publication de « La Sorcière » de l’historien Jules Michelet : la sorcière devient alors à la fois un emblème de révolte, de connaissance et d’harmonie avec les éléments naturels, posant les bases de l’éco-féminisme.
Ambivalente, la sorcière cristallise les fantasmes masculins sous forme d’icône érotisée dotée d’une éternelle jeunesse s’opposant ainsi à la vieille femme laide des contes et illustrations. Pour des artistes majoritairement masculins, la sorcière évoque l’autre et l’inconnu, avec sa part d’attraction et de menace. Dans une société patriarcale où la femme est considérée comme mineure, la sorcière personnifie la femme forte, qui menace l’ordre établi et deviendra un modèle et un symbole pour les féministes au cours du siècle suivant. Elle incarne la résistance face aux pouvoirs dominants. L’exposition fait dialoguer les arts au sein d’un parcours qui fait la part belle aux arts graphiques, à la peinture, à la sculpture, aux objets d’art, à la photographie, au cinéma ainsi qu’à la musique, la danse et la littérature.
“- Es-tu une sorcière ? Oui ou non ?
Je soupirai :
- Chacun donne à ce mot une signification différente. Chacun croit pouvoir façonner la
sorcière à sa manière afin qu’elle satisfasse ses ambitions, ses rêves, ses désirs…”
Moi, Tituba sorcière (1986)
Le parcours se déploie en trois grandes sections qui forment un cercle, la première section rejoignant la dernière : la nuit, le corps, le savoir.
Ces trois grandes sections s’articulent autour de la notion de transgression et de désir :
> Le feu de la nuit : la nuit, domaine de la liberté, de l’imaginaire et des possibles, des débordements des frontières, des métamorphoses.
> Le feu au corps : le corps féminin, territoire de l’immensité du désir, de la sexualité qui fascine et effraie, support des fantasmes.
> Le feu du savoir : c’est l’une des sources de la peur que la sorcière inspire : un savoir à la fois occulte et organique, une communication avec l’invisible et une connaissance de la nature, qui lui donne un pouvoir de vie et de mort sur les naissances et les récoltes.
Catalogue en vente à la librairie-boutique du musée 35 €
Aux éditions Faton, sous la direction de Leïla Jarbouai et Sophie Kervran
Avec des contributions de Camille Armandary, Rakhee Balaram, Laure Chabanne, Céline du Chéné, Emma Dechorgnat, Fabienne Dumont, Leïla Jarbouai, Sophie Kervran, Nicole Jacques-Lefèvre, Cinzia Lacchia, Jean-David Jumeau-Lafond, Johanne Lindskog, Alix Paré, Paule Petitier, Carine Picaud, Vincent Robert, Laura Valette…
France Culture s’associe à l’exposition » Sorcières (1860-1920) : fantasmes, savoirs, liberté » au Musée de Pont-Aven et vous propose de prolonger votre visite avec une sélection de podcasts en lien avec le thème des sorcières !
L’ensemble des podcasts est à retrouver sur l’appli Radio France.
Cliquez ici pour accéder aux podcastsVous pouvez commander le catalogue de l’exposition, il vous sera expédié à réception du paiement (46 € : 35 € + 11 € de frais de port).
Règlement possible soit par chèque soit par virement bancaire. Pour commander, écrire à museepontaven@cca.bzh
DP Sorcières Musée De Pont Aven Compressed(2,61 Mo)
04 mars 2025
TéléchargerDans la mythologie grecque, les amazones sont une société de femmes guerrières, dont l’existence est souvent fantasmée, laissant imaginer une sororité composée de femmes fortes et émancipées, dont la cohésion serait tributaire des liens amicaux et affectifs qui se tissent entre elles. Bien que disputée sur la base d’une erreur d’interprétation, on prête aux amazones de la légende la pratique de se couper le sein droit, ceci afin de leur permettre de mieux tirer à l’arc, et ainsi mieux se protéger les unes les autres. Leur survie, après tout, dépend de leur capacité à veiller sur elles.
Dans les mythologies actuelles, les survivantes du cancer du sein accèdent à leur tour au statut de combattante, et peuvent être considérées comme des amazones de l’ère moderne. La nature du combat est différente, leur ennemi est pernicieux et invisible. Et pourtant, leur courage, leur volonté, leur combativité, et peut-être plus que tout, le soutien qu’elles s’offrent les unes aux autres, n’a rien à envier à leurs consœurs de la légende. Ce combat en est certes un physique, contre l’ennemi intérieur, mais aussi une lutte pour l’émancipation; celle qui consiste à lutter pour sa vie, et pour survivre, à penser à soi, à prendre ses décisions et à agir, sans chercher à plaire aux autres. C’est à nouveau leur capacité à veiller sur elles qui aide ces femmes à passer à travers cette épreuve du cancer. C’est aussi ce soutien qui a donné lieu à une œuvre collective, à laquelle ont participé plusieurs membres de la famille d’Arianne en plus des modèles de cette série. La participation de chacune et de chacun s’est manifestée dans le choix du thème, de la mise en scène, le choix des costumes, des poses et autres composantes de la série.
Ruth, 65 ans
Il y a 15 ans, à l’âge de 50 ans, j’ai découvert une masse dans mon sein droit et j’ai reçu un diagnostic de cancer du sein. J’ai alors choisi de faire enlever la tumeur, mais j’ai refusé tout autre type de traitement, ce qui n’a pas plu aux oncologues. Les aspects les plus difficiles de mon expérience ont été:
1) la peur que certains ressentaient parce que j’avais le cancer, et qu’ils me communiquaient
2) le manque de soutien de la part des oncologues; ils ont essayé par tous les moyens de me faire suivre le protocole, en particulier par des tactiques de peur, ce qui rendait encore plus difficile ma prise de décisions.
À l’époque, j’avais de jeunes enfants. Ayant moi-même perdu ma mère d’un cancer du sein quand j’étais petite, j’ai décidé que mes enfants ne passeraient pas par cette douloureuse expérience. Grace au soutien de mes amis et de ma famille et ma décision consciente de survivre, j’ai pu traverser cette expérience.
À celles qui aujourd’hui se retrouvent avec un cancer du sein: soyez acharnées, faites des choix bien informés, et assurez vous que les gens autour de vous vous aiment et vous appuient dans toutes vos décisions.
Marilyn, 73 ans
Il y a 7 ans, j’ai reçu un diagnostic de cancer du sein. J’avais 66 ans. Ça m’a choquée car je me croyais l’un des plus robustes spécimens de la planète! Je mangeais bien, dormais bien, faisais beaucoup d’exercice; j’étais insouciante et j’avais une bonne attitude…
J’ai eu de la difficulté à déterminer quels traitements suivre après la chirurgie. Le choc de la mort d’une amie atteinte d’un cancer et qui avait refusé les traitements traditionnels et choisi une approche totalement alternative m’a sans doute influencée. J’ai fait quelques recherches, parlé à des gens, piétiné… Finalement j’ai tout fait : lumpectomie, chimiothérapie légère, radiation ciblée (brachathérapie). J’ai cherché les traitements et les docteurs qui me convenaient.
Et je me suis appuyée sur mon bagage spirituel et mes contacts pour m’accompagner dans ce parcours. J’ai rassemblé une douzaine de mes » amies-prêtresses » et conçu pour ma poitrine une armure qui me protègerait et me connecterait. Chaque amie m’a apportée une offrande (de la sauge, des coquillages,, des plumes, des morceaux de verre, et même un tampon sanitaire). J’ai composé des mélodies et nous les avons chantées ensemble. J’ai aussi joint le programme Hope and Cope, une association qui aide les personnes atteintes de cancer et leurs familles. J’ai participé à toutes les activités offertes: taïchi,Qi gong, art thérapie, reiki, chant, art et relaxation, exercices, discussions… C’est devenu mon nouveau club social.
Bien entendu, tout n’était pas parfait. Les gens veulent aider et pensent qu’ils savent ce qui est bon pour vous, et ils offrent des conseils non sollicités, parfois avec insistance. J’ai dû apprendre à mettre mes limites.
Le cancer m’a transformée, c’est certain. Je suis devenue plus introspective. J’ai réalisé que je devais être attentive à ce qui se passe à l’intérieur de moi. Pour la première fois de ma vie, j’ai dû m’enfermer chez moi et j’y ai pris plaisir. Je me suis mise à peindre, à composer, à me dorloter, à regarder des films avec mon amoureux, sans me sentir obligée de sortir et de courir à droite à gauche.
La dynamique que j’ai avec les gens a aussi évolué. Je ne suis pas une aidante classique, mais beaucoup de gens dépendent de moi, y compris mes enfants, mon partenaire, mes ami(e)s et ma famille. Aujourd’hui je trouve que je reçois davantage que je ne donne. C’est une expérience d’humilité; c’est gratifiant d’accepter de recevoir plutôt que toujours donner.
Il est difficile de dire à quel point le cancer m’a influencé au cours des sept dernières années. Mais je sais que je ne me suis jamais sentie aussi bien dans ma peau. Je suis complètement présente dans mon corps. En un sens, je me sens plus sensuelle et féminine car je suis davantage consciente du privilège d’être en vie et je ressens les choses plus profondément.
Je veux dire à celles qui entament le voyage du cancer du sein de ne pas avoir peur. Il est très important de bien vous entourer. Il faut être pro-active; trouver les médecins, les traitements et les ressources susceptibles de vous appuyer. N’acceptez que la compagnie des ami(e)s et parents qui aident votre guérison. Ce n’est pas le moment d’être gentille.Trouvez ce que vous aimez faire et faites-le: peinture, joaillerie, musique, danse, chant, des amis, la famille, des rituels significatifs, la prière, une communauté, tout ça m’a aidée à garder un esprit positif même quand je n’avais que peu d’énergie.
L’humour aussi! N’oubliez pas de rire! Le fait d’avoir un cancer ne veut pas dire que le monde va disparaître.
Surtout,! Parfois, on a l’impression que la société vous envoie le message que vous avez dû faire quelque chose de mal pour vous retrouver avec un cancer. Même mon docteur m’a dit : » Bon! j’espère que maintenant vous allez manger correctement, » Je lui répond que j’ai toujours bien mangé! Et lui de me dire: » Impossible! Sinon vous n’auriez pas eu de cancer »!!! Même si ce voyage va probablement vous changer pour le mieux, ça ne veut pas dire que vous l’avez provoqué. Ne gaspillez pas votre énergie dans la honte et le reproche! Gardez la pour la joie, l’amour et le rire et vous vous en sortirez grandie! Ce qui ne vous tue pas vous rend plus forte.
Françoise, 74 ans
Le choc de la nouvelle de mon cancer du sein en avril 2021 a été plus grand pour mon conjoint et mes enfants que pour moi-même. Ils pensaient déjà chimiothérapie, radiations, traitements lourds. Je prenais mes distances et voulais m’informer, me documenter, lire les recherches de pointe, parler à des femmes qui étaient passées par là. C’est ainsi que j’ai contacté trois femmes de mon entourage, pour les interroger sur leur expérience, leurs réactions, leurs choix, les difficultés rencontrées, les effets des traitements, leurs recommandations, etc. Ces femmes avaient toutes choisi des approches de traitements différentes selon leur situation physique et psychologique. Mais toutes affirmaient que ce cancer du sein les avaient transformées, spirituellement.
J’ai choisi de suivre le traitement le plus naturel possible; j’ai accepté la chirurgie et rien d’autre. Je me suis plutôt tournée vers la naturopathie et l’homéopathie. Marilyn et Ruth m’ont proposé de venir me préparer mentalement pour la chirurgie en partageant leurs expériences, en faisant une séance de reiki avec des touchers, des chants et des bols tibétains. Ce fut une partie de plaisir! Je suis arrivée à l’hôpital très détendue.
Après l’opération, les résultats des biopsies finales et les analyses génétiques ont généré une statistique. La chance de récurrence du cancer si « je ne faisais rien » était de 25% dans les dix prochaines années. Avec des » traitements » (on me conseillait fortement la radiothérapie combinée à l’hormonothérapie), ce pourcentage pouvait même se ramener à 5%… Mais on n’insiste pas assez sur les effets de ces traitements sur la qualité de vie. L’hormonothérapie tend à ramener les symptômes de la ménopause. Quelle femme de 75 ans veut risquer 5 ans de chaleurs et de sautes d’humeur!?
Je peux vivre avec une chance de récidive de 25% dans les dix prochaines années. Vivre est un privilège et je vais mettre tout en œuvre pour l’apprécier davantage, le chanter, le danser, le dessiner, le peindre, le partager.
Il faut questionner, échanger, garder du temps pour soi, regarder le ciel, les oiseaux et les arbres, marcher en respirant profondément, écouter son corps, aimer.
Merci à toutes mes Amazones! Merci pour la tendresse des hommes silencieux! Merci pour les bonnes intentions des autres!
Lorsque vous visitez l’exposition, vous écoutez une playlist soigneusement élaborée sur le thème des sorcières et vous pouvez écouter l’émission
de France musique sur ce thème en cliquant ici.
Et pour le couloir, des musiques plus modernes à retrouver dans cette ouvrage en vente dans notre librairie-boutique :