Informations sur l’exposition

Exposition à venir

Du samedi 07 juin au dimanche 16 novembre 2025

Pour célébrer l’anniversaire des 40 ans du Musée de Pont-Aven, l’équipe a prévu de nombreux rendez-vous tout au long de l’année. En exclusivité, un accrochage exceptionnel de Bretonnes dans la prairie d’Émile Bernard prêté par le musée d’Orsay, partenaire de notre musée, et de la Fête Gloanec de Paul Gauguin prêtée par le musée des beaux-arts d’Orléans, prennent place dans notre parcours permanent. Cette présentation est également l’occasion de découvrir pour la première fois la suite Volpini au complet, série de 11 zincographies réalisées par Gauguin en 1889 et acquises en trente ans par le Musée de Pont-Aven avec le soutien de l’Association des Amis du musée.

Vous aurez enfin l’occasion de découvrir le très beau tableau Portrait d’Eric Forbes Robertson par Émile Bernard, œuvre très rare et d’un grand intérêt artistique et historique, pour laquelle le musée et l’Association des Amis ont lancé un financement participatif afin de la faire entrer dans nos collections.

Paul Gauguin, Fête Gloanec dit aussi Nature morte « fête Gloanec », 1888, huile sur toile, Orléans, musée des beaux-arts

Paul Gauguin, Fête Gloanec

Œuvre radicale et déroutante, Fête Gloanec dit aussi Nature morte « fête Gloanec » a tout d’une énigme ! La composition renverse les codes classiques du genre en faisant le choix d’une vue en surplomb, décentrant spatialement les objets : un bouquet de soucis orange avec bleuet et marguerite, enveloppé d’un papier blanc, disposé près de fruits (oranges, poires, pêches, prunes), et de ce qui ressemble à une galette bretonne. La lecture de l’œuvre est complexe du fait d’un cadrage décentré subtilement emprunté à Degas ou d’influence japonisante. La gamme colorée montre une grande audace de l’artiste qui exalte un rouge vermillon sur une bonne partie de la toile. La simplification des formes répond aux nouvelles recherches stylistiques de l’année 1888, très inspirées des estampes japonaises. Difficile à décodée, l’œuvre l’est d’autant plus que le titre comme la signature sont énigmatiques. Le titre indique qu’elle aurait été réalisée pour la « fête de la patronne » de la pension Gloanec, tenue par Marie-Jeanne Gloanec le 15 août 1888, soit au même moment que l’autre œuvre fondatrice du style synthétiste « La Vision du sermon » (Edimbourg, National Galleries of Scotland). L’artiste répond alors à une tradition informelle des peintres de Pont-Aven d’offrir un tableau à leur hôtesse. La signature interroge. Face à la critique d’un certain G. de Maupassant (qui serait le père de l’écrivain), Gauguin trouve une supercherie et signe « Madeleine B » qui n’est autre que la sœur d’Emile Bernard pour donner à voir l’œuvre d’une novice. L’ambiguïté sur la paternité de l’œuvre démontre bien la conscience de l’artiste de produire une peinture radicale, en rupture totale avec la création picturale de son temps.

Émile Bernard, Le Pardon ou Bretonnes dans la prairie, 1888, huile sur toile, musée d'Orsay

Émile Bernard, Le Pardon ou Bretonnes dans la prairie

C’est l’œuvre manifeste de la naissance du synthétisme avec la célèbre Vision après le sermon de Gauguin (Galerie nationale d’Écosse). La modernité picturale est perceptible dans le trait mis au service de la couleur, l’absence de ligne d’horizon, la simplification des formes… Loin de tout réalisme, Bernard cherche à retranscrire l’idée, l’émotion qu’il a retenues d’un pardon à Pont-Aven en septembre 1888. Inspiré par l’art médiéval, l’imagerie d’Épinal ou encore les estampes japonaises, il cherche une nouvelle voie, grâce à l’émulation artistique avec son aîné.

La toile impressionne Van Gogh, à qui Paul Gauguin a apporté le tableau, et dont il réalise une copie. Elle est acquise successivement par Arsène Alexandre, Ambroise Vollard et Maurice Denis. Considérée comme une œuvre d’intérêt patrimonial majeur, elle entre au musée d’Orsay en 2019