Gad Frederik CLEMENT, Tableau décoratif. Saint François et la vision des trois vierges blanches
Comme son ami et compatriote danois Mogens Ballin, Gad Clement prend des cours de français auprès de Mette Gauguin à Copenhague. Fort d’une lettre d’introduction de sa professeure de Français, il rencontre le maître en 1890, en compagnie de Ballin, à Paris pour bénéficier de ses conseils, avant le départ de l’artiste pour Tahiti en 1891. Il semblerait qu’il ait pu admirer des œuvres majeures comme La Vision après le sermon (1888) ou Le Christ au jardin des oliviers (1889), véritables manifestes du synthétisme associé à des thèmes religieux.
Clement est l’un des rares artistes danois à faire le voyage en Bretagne en 1892, à la recherche d’une nouvelle orientation artistique. Il rencontre Sérusier durant l’été au Huelgoat. Clement produit alors quelques paysages bretons témoignant de sa rapide compréhension du synthétisme. Il est subjugué par la foi des Bretons, mêlant catholicisme et paganisme. L’iconographie de Saint-François est pour lui, comme pour les Nabis, synonyme de renaissance spirituelle, combinant religion et culte à la nature et aux animaux.
Cette œuvre est sans doute la première version d’une même composition peinte sur toile qui est conservée au Statens Museum for Kunst à Copenhague. Mais le pastel est beaucoup plus percutant que l’huile sur toile, la technique contribue à un effet de fresque rappelant les primitifs italiens si chers à Paul Sérusier ou Maurice Denis et lui confère une vibration et un dynamisme, absents de la toile. Il l’est d’autant plus que les dimensions sont imposantes, rares pour cette technique, équivalentes au tableau, en faisant presque une peinture de dévotion. C’est désormais une œuvre exceptionnelle et un artiste peu représenté dans les collections publiques françaises qui est conservé par le Musée de Pont-Aven