Poursuivre la réflexion amorcée par « Artistes voyageuses : L’appel des lointains (1880-1944) ». C'est l'objectif de cette journée d'action-recherche autour de cette exposition temporaire, conçue par le Palais Lumière de la Ville d’Évian et le Musée de Pont-Aven. Un événement en partenariat avec Mêtis Lab.
Quatre ateliers participatifs animeront l'après-midi de cette journée d'action-recherche : « Exposer l’art colonial au prisme du genre dans les musées ». Les ateliers poursuivent les différents points abordés dans les interventions en s’interrogeant sur la place des femmes artistes et des femmes représentées dans les collections et les expositions muséales, en particulier celles qui se sont trouvées dans les territoires sous domination coloniale.
Quels regards critiques les musées peuvent-ils porter sur ces œuvres ? Comment les considérer à la fois du point de vue du genre (place des femmes dans la société, créatrices et femmes figurées) et du point de vue postcolonial (rapports de domination, celui et celle qui représente « l’autre », la vision qui est donnée de « l’ailleurs ») ? Comment les musées peuvent-ils accompagner ces représentations dans leurs expositions et leurs collections ?
Atelier au choix │ 20 personnes maximum par atelier │ Sur inscription.
Avec : Julie Botte – docteure en muséologie, ATER à l’université d’Artois et Eloïse Jolly – co-fondatrice de l’association musé.e.s, membre du comité diagnostic sur la place des femmes dans la culture d’HF Bretagne.
Avec : Mélissa Andrianasolo – Co-fondatrice et podcaster chez La Clameur, Podcast Social Club.
Avec : Éva Belgherbi – doctorante en histoire de l’art contemporain, université de Poitiers, École du Louvre et Émilie Goudal – ATER en histoire des arts plastiques et visuels.
Avec : Sophie Kervran – conservatrice en chef, directrice du musée de Pont-Aven et Guirec Zéo – Responsable du service des publics de la Ville de Fougères.
Les artistes femmes accèdent au tournant du XXe siècle à une formation artistique équivalente à celles des hommes, au statut de professionnelles de l’art et à des commandes officielles. Le contexte de l’empire colonial français leur offre des circonstances opportunes de carrière, ainsi que l’occasion de se rendre à l’étranger, ce qui reste plus difficile pour une femme à cette époque.
Ces artistes femmes ont la particularité d’avoir bénéficié de nouvelles possibilités (voyages, financements) qui leur étaient auparavant difficilement accessibles, tout en créant des œuvres visuelles qui s’inscrivent dans un cadre colonial. Leur émancipation est donc ambiguë, puisqu’elle a lieu dans un rapport de pouvoir entre les puissances impériales et les pays colonisés.
Ces œuvres d’art ont la particularité de s’intégrer dans une culture visuelle et matérielle qui dépasse le milieu des beaux-arts. Les expositions universelles et coloniales, par exemple, donnent à voir un ordre du monde et une hiérarchie entre les « peuples ». Dans quelle mesure ces œuvres sont-elles le témoignage d’une réalité ou d’une représentation européenne sur « les lointains » ?
Les artistes femmes avaient-elles des spécificités par rapport à leurs homologues masculins dans l’organisation des voyages, les aires géographiques explorées, le style artistique ou les sujets représentés ? Leurs créations artistiques et leurs imaginaires sont-ils singuliers par rapport à ceux des hommes ? Se conforment-elles à un système plus vaste (par contrainte, opportunisme ou adhésion) ou leurs œuvres laissent-elles entrevoir une indépendance intellectuelle et artistique ? Quel est le contexte de création (commandes publiques, bourses) et de réception de leurs œuvres (lieux d’exposition, finalité) ? Quelle place dans leurs carrières ces voyages occupent-ils ?
La première intervention cherche à porter un regard analytique sur cette exposition et sur le champ des possibles qu’elle ouvre pour les collections muséales et l’histoire de l’art (nouveau corpus d’artistes, visibilité). Les autres interventions replacent ces trajectoires féminines dans le contexte colonial. Cette table ronde met en avant la mobilité des artistes femmes et leurs créations. D’une part, les artistes occidentaux se rendaient dans les territoires colonisés, d’autre part les artistes issus de ces pays venaient se former en Europe.
Pour information, des places ont été réservées pour les professionnels fonctionnaires auprès du CNFPT . Pour les personnes concernées, vous pouvez vous inscrire à la journée avec un code spécial. Celui-ci est à communiquer à votre Responsable des Ressources Humaines : C4MUR Session001
Crédit oeuvre : Marie-Antoinette Boullard-Devé, Frise de personnages indochinois (Mnong), 1931. Gouache et huile sur papier, 150 × 302 cm, inv. 75.2012.0.664. Paris, musée du quai Branly – Jacques Chirac. © musée du quai Branly / Claude Germain.